L’Indonésie envisage de délivrer des licences obligatoires pour trois nouveaux médicaments contre le VIH/sida 29/11/2007 by Catherine Saez, Intellectual Property Watch Leave a Comment Share this:Click to share on Twitter (Opens in new window)Click to share on LinkedIn (Opens in new window)Click to share on Facebook (Opens in new window)Click to email this to a friend (Opens in new window)Click to print (Opens in new window)Sinfah Tunsarawuth pour Intellectual Property Watch BANGKOK – L’Indonésie envisage actuellement d’exercer les droits prévus par sa législation pour produire, sans l’autorisation des titulaires de brevets, des versions meilleur marché de trois nouveaux médicaments contre le VIH/sida. Le pays a déjà fait usage de ce droit pour fabriquer trois médicaments similaires. Selon le docteur Samsuridjal Djauzi, impliqué dans les activités du gouvernement relatives aux licences obligatoires, l’Indonésie a besoin des trois antirétroviraux (ARV) de deuxième intention destinés aux patients atteints du VIH/sida et le financement actuel de ces traitements pourrait vite s’épuiser. « Certains malades du VIH/sida développent une résistance aux médicaments de première intention au cours de leur traitement. Ils ont donc besoin des médicaments de deuxième intention pour renforcer leur immunité », a-t-il ajouté. M. Djauzi, qui enseigne la médecine dans une université de Jakarta (University of Indonesia) et travaille dans une clinique auprès des patients atteints du VIH/sida, a précisé que les trois médicaments en question étaient le tenofovir, la didanosine et le lopinavir. Lors d’un entretien accordé à Intellectual Property Watch, le Dr. Djauzi a évoqué les coulisses d’une réunion sur les licences obligatoires qui s’est tenue à Bangkok du 21 au 23 novembre. Il a confié que son groupe de travail était en train de collecter des données sur les trois nouveaux médicaments. Les informations recueillies permettront de soumettre des propositions au ministre de la santé, qui prendra alors une décision. Le tenofovir, la didanosine et le lopinavir sont les noms génériques des versions brevetées des médicaments respectivement fabriqués et commercialisés par Gilead Sciences, Bristol-Myers Squibb et Abbott Laboratories. Selon M. Djauzi, environ 10 000 patients indonésiens sont actuellement traités avec des ARV de première intention et, normalement, moins de 5 % d’entre-eux devraient développer une résistance et nécessiter un traitement par ARV de deuxième intention, plus coûteux. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme approvisionne actuellement l’Indonésie en ARV de deuxième intention. Cependant, d’après M. Djauzi, cet approvisionnement pourrait être interrompu d’ici peu de temps si le Fonds décidait de ne plus aider le pays. En 2004, l’Indonésie avait déjà publié un décret présidentiel qui autorisait l’utilisation de licences obligatoires pour fabriquer deux ARV (la lamivudine et la névirapine). En mars 2007, ce décret a été renouvelé pour permettre la fabrication d’un autre ARV, l’éfavirenz, qui a remplacé la névirapine en tant que médicament de première intention. La lamivudine, l’éfavirenz et la zidovudine sont les trois ARV de première intention que l’Indonésie utilise pour traiter les malades du VIH/sida. Le brevet de la zidovudine ayant déjà expiré, le pays n’a pas imposé de licence obligatoire sur ce médicament. Ces trois médicaments sont à présent produits sur place par l’entreprise pharmaceutique publique PT Kimia Farma. Selon M. Djauzi, si des licences obligatoires étaient délivrées pour les trois ARV de deuxième intention, l’Indonésie devrait certainement importer d’Inde les composants des médicaments. Néanmoins, le pays serait en mesure de fabriquer les versions génériques sur place. Le Dr. Djauzi a reconnu que le prix des ARV de deuxième génération avait baissé depuis que l’industrie locale a commencé à fabriquer les versions génériques des traitements de première intention. Cependant, le médecin n’est pas certain que les entreprises pharmaceutiques multinationales maintiendront les prix à ce niveau si la menace d’éventuelles licences obligatoires et la concurrence que représentent les médicaments génériques ne les y incite pas. « Certes, les prix sont bas pour le moment, mais pour combien de temps encore ? », s’inquiète le médecin indonésien. « La société souhaite pouvoir bénéficier d’un approvisionnement durable en ARV à un prix abordable. Il est donc vivement souhaitable que ces médicaments soient produits dans notre propre pays ». Dans le document qu’il a présenté lors de la réunion de Bangkok, le Dr. Djauzi a déclaré que, bien que le nombre d’Indonésiens atteints du VIH/sida ait été estimé entre 190 000 et 210 000 en 2006, le nombre actuel de patients traités par ARV s’élève seulement à 10 000. Ce chiffre pourrait passer à 30 000 fin 2008. Plus tard, au cours de l’entretien accordé à Intellectual Property Watch, M. Djauzi a affirmé qu’en l’absence d’un programme de contrôle efficace, le nombre de malades du VIH/sida en Indonésie pourrait atteindre un million en 2010. « À long terme, les versions génériques des médicaments brevetés seront beaucoup plus utilisées dans les pays en développement », a-t-il conclu. 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